[ Interview 4.0 ] Exploiter la puissance du jumeau numérique pour modéliser un environnement industriel

Le jumeau numérique ou digital twin est une réplique virtuelle d’un objet physique. Dans la plupart des cas, les jumeaux numériques exploités par les environnements industriels sont des outils d’innovation dédiés à la simulation de processus et/ou à l’analyse de performances.

Pour parler de ce qui fait la spécificité du jumeau numérique conceptualisé par Zozio par rapport aux autres outils du marché, nous avons interviewé Walter Gabriel, notre CTO (Chief Technical Officer).

Zozio : Walter, est-ce que tu peux nous en dire plus sur l’utilité du digital twin ?

Walter : En général, quand on parle de jumeau numérique, on parle d’un outil très éloigné de la chaîne de valeur, qui permet de simuler des environnements, de prédire des comportements et d’éviter des erreurs dans la conception d’un produit voire même d’une usine. Ce type de simulation peut servir comme base de réflexion et d’aide à la prise de décision pour plusieurs cas d’usage :

• Réfléchir au positionnement d’une machine,
• Optimiser les flux de production ou les flux logistiques,
• Optimiser les comportements des robots collaboratifs et leurs déplacements dans le monde physique,
• Analyser tout type de situation et simuler les risques associés.

Lorsque l’usine sortira de terre 4 ans plus tard et commencera à produire deux ans après, sa conception finale aura été nourrie par le croisement des différentes hypothèses émises grâce à la simulation et les meilleures options seront sélectionnées.

Zozio : Et l’utilité plus particulière du jumeau numérique développé par Zozio ?

Walter : Chez Zozio, ce n’est pas une simulation que nous proposons mais une modélisation de l’espace physique conjuguée à des données de flux en temps réel. Nous modélisons les outils de production, les conteneurs, les encours de production et l’usine en elle-même afin d’obtenir sa réplique numérique, accessible dans le cloud et qui donne accès à des données clé, qui soient partageables par tous.

Avec le type de jumeau numérique que nous développons, nos clients ont accès à l’information au format numérique pour gérer la traçabilité, le collaboratif (partage d’informations) en temps réel depuis une « source unique de vérité » (ndlr : single source of truth). Notre outil est fait pour centraliser et distribuer l’information au bon endroit. Ce regroupement participe à l’amélioration de l’ergonomie et participe à la création de données supplémentaires.

Zozio : Qui est la cible de ce genre d’outils ?

Walter : Ce sont plutôt les opérateurs et managers de terrain, experts de la production qui vont avoir besoin de ce type d’informations. Ils vont, par exemple dans la cosmétique, suivre les statuts des cuves (lavage, désinfection, vide, pleine…) ou conteneurs avec les jus stockés dedans, chercher à connaître leur position à l’intérieur de l’usine mais également chez les sous-traitants en extérieur. Ils souhaitent savoir quel contenant est disponible et combien sont immobilisés et tout autre état de maintenance, certification, qualité…

Zozio : Quels sont les KPI qui vont les intéresser le plus ?

Walter : On peut fournir de nombreux types de KPI basés sur des données comme les statuts qui nous permettent de générer des taux d’utilisation ou des durées moyennes par étape. Le paramétrage des champs est simple depuis notre plateforme, on travaille comme sur un tableau Excel. Nous avons la capacité de travailler sur une grande diversité de champs issus de sources différentes telles que :

– des champs extraits de l’ERP,
– des champs issus de relevés manuels tels que des événements (passage en maintenance, qualité, déplacement chez les sous-traitants) et des relevés de problématiques (blocage, retard de livraison…),
– des champs relatifs aux données de géolocalisation (zones de production- ou site industriel),
– des champs qui sont le fruit des règles automatiques que nous avons configurées afin de modéliser un processus métier ou logistique.

Zozio : Quel intérêt d’en passer par ROBIN, notre logiciel, plutôt que via un ERP ou un MES ?

Walter : Notre logiciel peut absorber les données de ces logiciels s’ils préexistaient dans le système d’information (SI) de l’usine et, à partir de ces données, on peut fournir des informations plus précises, en temps réel, combinées à des données de géolocalisation.

En général, la personne qui va configurer les tables de données dans l’ERP est un spécialiste (consultant, développeur, spécialiste IT). La particularité de notre plateforme ROBIN face à un ERP ou un MES, c’est qu’il est possible de former les personnes à être autonomes sur les sujets sans qu’ils ne soient spécialistes. Nos clients apprécient la rapidité de paramétrage dite « no-code »  et donc sans exigence technique – mais surtout ne nécessitant pas de faire appel à une prestation supplémentaire.

C’est l’ergonomie de ce système no-code qui va permettre de traiter dans un même temps la partie modélisation des actifs et la mise à jour des propriétés de ces actifs grâce à des règles automatiques et/ou formulaires. La configuration d’interfaces de visualisation ou widgets (tableaux d’inventaires, cartes, graphes et indicateurs) permet d’obtenir une vue d’ensemble sur les informations générées en quelques clics.

Avec un logiciel comme Apriso pour n’en citer qu’un, il aurait fallu générer plusieurs exports de tables de données pour, d’une part, obtenir ces informations et d’autre part,  optimiser la production. Rien de tout cela n’aurait été automatisé.

Zozio : Que doit fournir le client pour la mise en place du jumeau numérique de ses encours de production ?

Walter : Si l’on suit des outils de production, il nous faut un tableau Excel pour initialiser la liste des assets. Pour mettre en place la remontée de données en temps réel, on interconnecte l’ERP et notre plateforme ROBIN afin de collecter l’état des valeurs et des champs de ces assets ou pour récupérer de nouveaux OF.

S’il y a un déploiement IoT à prévoir, on réalise un cahier des charges qui comprend une infrastructure fixe avec des ancres, une gateway et des tags mobiles, le tout sans câblage. L’installation peut être réalisée par le client s’il le souhaite, nos technologies de géolocalisation étant très faciles à déployer.

Ensuite, avec le client, on organise quelques points clé autour du projet pour connaître les champs à récupérer et ceux qu’il faut ajouter. La plateforme est configurée suite à cela après avoir modélisé les assets et réfléchi aux différences interfaces nécessaires aux opérateurs et managers.

Le client nous fournit également une carte de son site industriel – récente et à l’échelle. A partir de cette carte, il pourra visualiser la localisation de ses actifs et leurs mouvements en temps réel et l’ensemble des champs et attributs prédéfinis ensemble. Il peut également utiliser le système de filtres et de vues pour passer d’une carte globale à une carte dédiée aux opérations de maintenance par exemple.

Zozio : Quelle est la valeur perçue du jumeau numérique par le client ?

Walter : Nos clients apprécient qu’on leur donne accès à de l’information en quelques clics et sous différentes formes. Souvent, le problème n’est pas le manque de ces informations mais leur accessibilité sur le terrain. Les opérateurs n’ont pas le temps et ne savent pas toujours faire une requête SAP pour obtenir une information. Nous leur donnons donc accès à cette donnée et la complétons avec de la géolocalisation pour leur faire économiser du temps de recherche (en moyenne 30 mn par jour par opérateur).

Notre objectif est de nous adapter aux process de nos clients et d’être réactifs à ce qui doit évoluer comme le type d’actif (cuve, conteneur, IBC, forklift..) à suivre par exemple. Les nouveaux objets ne sont pas pris en charge sur SAP. Sur notre plateforme ROBIN, nous ne sommes pas contraints et pouvons créer n’importe quel nouveau type d’objet à suivre très facilement.

Ce que nous proposons, c’est donc un outil de pilotage automatisé qui supprime les routines chronophages et améliore la qualité et les conditions de travail des experts de la production sur le terrain.

Une interview de Walter Gabriel, CTO Zozio.